Les Asanas

Pas de yoga sans asana. ll suffit de taper yoga dans une barre de recherches internet pour qu’une multitude de postures physiques – Asana – apparaissent. C’est d’ailleurs en entrant dans une posture de yoga que j’ai emprunté le chemin du yoga pour y découvrir ses nombreux outils, et être chaque jour un tout petit peu plus maîtresse de mes pensées et émotions, et accepter avec une progressive  sérénité (lol) l’impermanence de la vie. Personnellement, c’est dans la posture, que je ressens le plus souvent cette unité entre qui JE suis – microcosme – et ce grand tout que je ne saurai définir – le macrocosme.

Asana est souvent interprété comme des excercises préparatoires à la pratique de la méditation – assis en Padmasana, posture du lotus, bien antérieure au hatha yoga – pour pouvoir rester statique, la colonne droite, pendant de longues heures – sans douleurs physiques qui disperseraient l’attention – la respiration fluide – l’esprit disponible pour observer – attentif & concentré. Le terme Asana designe d’ailleurs en premier lieu l’assise, le siège.

 

STHIRA SUKHAM ÂSANAM

Patanjali, dans ses Yoga Sutras, précise que la posture doit être ferme et confortable « sthirasukham âsanam ».

Gérard Blitz est connu pour cette autre traduction : être fermement établi dans un espace heureux et il précise que « essentiellement le yoga équilibre nos fonctions. Facilite la régulation et la coordination du fonctionnement extrêmement complexe du corps. C’est par l’équilibre du corps, par l’équilibre physiologique que nous créons l’équilibre psychologique et psychique qui nous font si cruellement défaut. Voilà la raison d’être du yoga. »

Sthira et Sukha sont les deux fondements de l’Asana, ils se développent conjointement et non pas alternativement. En installant une posture Sthira , ferme, en érigeant la colonne vertébrale sur des fondations stables, on crée les conditions pour que se déploie sukha – la joie.  Le corps est notre champs d’expérience.

Fonctions des postures

Les postures ont été pensées par rapport à une fonction pour nourrir le corps – qui repose sur la souplesse, la force – et la façon dont elles nourrissent la colonne vertébrale et peuvent influencer certains organes internes.

Les asanas peuvent être répertoriées par :

  • famille: posture d’ouverture, fermeture,équilibre, inversée, torsion. inclinaison
  • actions sur la colonne vertebrale : flexion, extension, torsion,inclinaison et alignement
  • région de la colonne vertebrale engagée : toute la colonne, cervicale, abdominale, thoracique, lombaire
  • types de respiration : naturelle, abdominale, thoracique,claviculaire, respiration complete

Les noms des postures sont pensés en fonction de :

  • ce qu’elles apportent comme par exemple l’étirement de la chaîne musculaire arrière du corps dans Uttanasana,la pince, qui est la combinaison des mots sanskrit UT qui signifie, extension et tan qui signifie étirement,
  • de leurs formes comme par exemple Padahastasana, qui est la combinaison des mots sanskrits Pada et hasta se traduisant par pied et main, ou la posture des mains sous les pieds,
  • ou en fonction de ce qu’elles représentent comme le lion Simhasana
  • ou d’après le nom d’un ancien maître indien ou dieu hindou comme Hanuman & de leurs symboliques

A l’intérieur du corps physique et énergétique , le Prâna – l’énergie vitale – circule plus ou moins librement. Les différentes postures vont équilibrer et activer les circulations énergétiques. En liant le mouvement et le souffle, les postures dites dynamiques permettent de débloquer des nœuds physiques et énergétiques.

En installant une dynamique consciente faite d’ouvertures, de fermetures, de situations à poumons pleins, à poumons vides, les postures permettent de se réapproprier le mental, en ramenant l’attention au ressenti corporel, en posant son regard, dhristi. Les postures statiques, liées aux souffles, laissent l’énergie circuler librement sans contraintes et directions.[1]

 

Vinyasa Krama

Les séances de yoga autour des asanas sont constuites différement selon les écoles et les professeurs. Sivananda, Ashtanga yoga sont connus pour des séries types construites sur des postures définies et leurs variations.

Il y a une façon de rentrer et de sortir d’une posture qui s’appelle « vinyasa krama», krama voulant dire par étape, vinyasa voulant dire un ordre établi.  L’idée est de mettre les postures dans un ordre particulier avec intelligence. Le vinyasa krama appelé aussi art des séries découle du Viniyoga,une approche du Hatha Yoga développée par Krishnamacharya puis par son fils T.K.V. Desikachar

Classiquement une séance de yoga est construite autour de quelques postures clés, avec une préparation posturale préalable – suivi d’asanas clés – parfois complémenter de contre-postures pour rééquilibrage –  puis une phase plus douce avant la relaxation. Le choix des postures pour rentrer dans une posture finale doit avoir deux avantages : préparer et tester l’élève pour la posture finale.

L’asana est le chemin aller-retour pour entrer et sortir d’une posture-clé, et non pas la posture finale.

Si on vise uniquement la forme d’une posture, on s’identifie alors uniquement à son corps. C’est pour cela qu’on adapte souvent une posture, avec on sans accessoire. En adaptant la posture, on fait appel à autre outil du yoga – ahimsa , la non violence, qui commence envers soi-même.

A travers l’adaptation, se trouve le confort.

 

L’introduction de Bandha – compression et fermeture d’une partie du corps – permet d’intensifier une posture.

Les Asana sont bénéfiques pour les muscles, les articulations, le système cardiovasculaire, le système nerveux et lymphatique, le cerveau – ce qui a été prouvé par différentes études scientifiques. Plus subtilement, les Asana sont bénéfiques pour les Chakra (les centres d’énergies), l’esprit et l’âme. Il y a une libération tout d’abord sur le plan physique très concrétement, mais aussi sur la personnalité, la circulation de l’énergie, les émotions, le mental.

Durant la pratique, les organes des sens sont dirigés vers l’intérieur. On opère une prise de conscience de notre humeur physique, intérieure, de notre souffle. On est pleinement dans le moment présent.On se pose en témoin et se développe alors une connaissance de soi, svadyaya.

Avec une pratique régulière – Abhyasa – répétition de ce qui apporte la paix – et sans attente de résultat (Vairagya) notre attention est meilleure.

Cette connaissance de soi se retrouve dans le quotidien. Etre présent, ressentir, observer et discerner.

Et expérimenter être en yoga –

 

Florence Champin