La parabole du char

Parabole du char

Les Upanishad comptent parmi les plus anciens écrits de l’Inde védique. L’étymologie  pour upanishad est «s’asseoir tout près», de la racine sad (s’asseoir) et des suffixes upa et ni, mettant en évidence le fait de s’asseoir, pour le disciple, tout près du maître afin d’écouter son enseignement.

On date les Vedas dont les Upanishads font partie dès 5000 ans avant notre ère. C’est dans les védas qu’ apparait pour la première fois le mot Yoga.

Katha Upanishad* ( extraits ci-dessous)

Dans la Katha, Maitri et Svetasvatara Upanishad,  l’analogie est faite entre le char, les chevaux indisciplinés, les rennes et le corps humain, les sens et le cochet, qui n’arrive pas à diriger le char, dont le passager notre âme (atman) est embarqué, sans direction ni but.

Dans le contexte de Katha Upanishad, le yoga propose une méthode qui permet de discipliner les chevaux (les sens) jusqu’à permettre l’arrêt du char( le corps) par le cochet ( le mental). L’âme se trouve alors libre et peut donc quitter son corps. La mort à l’époque est la libération. La méthode proposée dans les textes évoque la méditation, des astreintes physiques et morales ainsi que le retrait des sens.

Bhagavad Gîtâ 2.50

“Attèle-toi à l’attelage”

La Bhagavad Gita est un poème sanskrit symbolique répartis en 18 chants, datant d’environ 2 000 ans relatant le dialogue entre Arjuna, prince Pandava et Krishna (Dieu) avatar du dieu Vishnu, sur un char dans un champs de bataille.

La Bhagavad Gita livre les enseignements fondamentaux de la spiritualité hindoue et expose une voie de yoga à trois branches afin d’atteindre la libération :

  1. Nous devons d’abord renoncer aux fruits de nos actes en continuant d’agir dans le monde (Karma Yoga). Nous devons nous acquitter de nos devoirs sans nous inquiéter des résultats. « Faire de toute action un acte d’adoration de Dieu ou être divin suprême ».
  2. Par l’amour et la dévotion, nous serons libérés de la souffrance (Bhakti Yoga).
  3. Enfin, la sagesse nous délivre en nous permettant de discerner le vrai du faux (Jnana Yoga).

Krishna conseille à son disciple de “s’atteler à l’action d’atteler” (yogâva yujyasva), par extension “d’apprendre à maîtriser les chevaux” au sens propre   sens métaphorique.

Le mode de vie enseigné par la Bhagavad Gîtâ contient plusieurs grand axes dont discipline des sens (nourriture, sommeil, activité, distractions et l’apaisement de l’esprit avec  un travail sur les attachements et les désirs personnels, la pratique de la concentration, l’intégration des pratiques spirituelles propres à la voie suivie dans le programme quotidien (étude des Ecritures, méditation, chant, prière…).

Parabole du char et le yoga

Notre corps est un char, tiré par des chevaux indisciplinés que sont nos cinq sens. Au moyen de rênes représentant le mental (manas), un cocher (qu’on appelle buddhi, l’intellect), tente de diriger les chevaux afin de ralentir le char. Notre corps transporte un passager, embarqué malgré lui dans cette course folle: ce passager, c’est âtman, notre âme ou « moi profond ».

​Maitriser les chevaux de son véhicule, c’est donc contrôler ses sens, de manière à se rendre imperméable à toute perturbation externe. Étape incontournable sur le chemin du yoga, le retrait des sens permet de maintenir un état mental stable menant à la méditation puis à la contemplation (samadhi).

De même que l’attelage est un moyen employé pour contrôler la course des chevaux, le yoga est une méthode utilisée pour ordonner les processus mentaux. C’est ainsi que le yoga/nom commun a donné naissance au  Yoga/nom propre, Une méthode est devenue la Méthode, un yoga est devenu le Yoga.

En français, l’attelage désigne à la fois le résultat (le véhicule) et la méthode employée pour atteindre ce résultat (l’action d’atteler les chevaux).

Le yoga est à la fois l’objectif à atteindre, unir l’individuel à l’universel et la méthode employée pour y parvenir.

( Source Marianne Yoga)

Extraits de Katha Upanishad

« L’âme ne peut être gagnée par la connaissance, ni par l’entendement ni par une science étendue. Elle peut être obtenue par l’âme qui la désire. L’âme (de celui qui désire connaître sa propre âme) révèle sa propre vérité.

Quiconque n’a pas renoncé aux voies mauvaises, qui n’est pas asservi (dans ses sens), ou concentré (par son intelligence), et qui n’est pas dompté par son esprit, n’obtient pas l’âme, même par la connaissance (de Brahmâ).

Qui est en état de connaître ici cette âme dont la nourriture est à la fois le brahmane (sage) et le kshattra (roi), et dont l’assaisonnement est la mort?
Regardez l’âme (qui anime le corps) comme celui qui est monté sur le char et le corps comme le char; regardez l’entendement comme le conducteur, et l’esprit comme les rênes.

On le dit, les sens sont les chevaux et les objets qu’ils se proposent sont les routes. L’âme douée du corps, des sens et de l’esprit, jouit de ce qui l’entoure; ainsi parlent les sages.

Tout homme dépourvu de sagesse et ne faisant pas usage des rênes a des sens indomptés comme des chevaux fougueux qui emportent le char.
Mais le sage, dont l’esprit est toujours attentif, a ses sens subjugués comme les chevaux dociles que guide un conducteur.

Quiconque est dépourvu de sagesse et de vigilance, quiconque est toujours impur n’arrive pas au but, mais redescend dans le monde.
Mais quiconque est sage, vigilant, toujours pur, atteint le but et n’a pas à naître à nouveau.

L’homme dont le char est dirigé par un sage conducteur et dont les rênes (de l’esprit) sont habilement dirigés atteint le but placé à l’extrémité de la route, le séjour le plus élevé de Vishnu.»